Pitcairn: l’île des mutins entre mystère et survécus

Pitcairn: l’île des mutins entre mystère et survécus

Pitcairn, ou bien l’île des mutins du Bounty, reste encore aujourd’hui un mystère. Littérature, cinéma, musique, art ont essayé de traduire dans un langage compréhensible et abordable pour tout le monde, l’histoire de cet endroit. Selon des données de 2017, la population indigène compte 49 habitants résidents et 5 qui sont expatriés. Pitcairn d’ailleurs est l’île de l’océan Pacifique avec le taux de population le plus bas au monde.

Verdure luxuriante, une mer d’émeraude et justes 4,6 kilomètres carrés d’extension, Pitcairn fait partie d’un archipel de quatre îles sous le gouvernement anglais, mais seulement celle éponyme montre le passage des êtres humains. Depuis 1789, l’année qui marquera jusqu’à jamais l’histoire de la marine royale britannique, cet endroit qui se trouve à environ 2.307 kilomètres de Tahiti (grande île de la Polynésie Française), a suscité l’intérêt des gens. En ayant fait aussi les gros titres internationaux avec un scandale d’abus sexuels, nous allons parcourir l’histoire de Pitcairn vue à travers des différents moyens de communication.  

L’histoire des mutins du Bounty entre mystère et vérité

En 1808 sur une toute petite île à l’est de Tahiti, le navire américain Topaz conduit par le capitaine Folger fait une découverte surprenante : dans cet endroit magique et apparemment désert il y a quelqu’un. Il s’agit de John Adams, le seul survivant de l’équipage de la frégate anglaise Bounty. Oui, Folger avait trouvé Pitcairn et le spectacle qui s’était présenté devant ses yeux est de plus en plus incroyable : Adams était le seul homme qui vivait sur l’île entouré de seulement huit femmes et 23 enfants. Cette étrange colonie était la seule chose qui existait après la connue mutinerie du Bounty. Où étaient les autres ? Et Fletcher Christian, le véritable partisan de la révolte, était-il mort ? Étaient-ce ceux de ses descendants ?

Pourtant, la vie est étrange : John Adams, accusé et condamné pour mutinerie par la loi anglaise, sera réhabilité voire célébré, grâce à son œuvre d’évangélisation dans sa nouvelle communauté. L’avoir fait connaître la Bible aux femmes et aux enfants de l’île de Pitcairn, constituera la monnaie d’échange pour la liberté (et le salut de la potence). Mais les autres mutines ? Tous morts, tous assassinés à cause de la jalousie envers les femmes de l’île et des luttes entre les tahitiens et les révoltés du Bounty. Même Fletcher Christian, dans les versions contradictoires d’Adams, mourra parfois assassiné près d’un lac alors qu’il travaillait, d’autres fois il serait retrouvé mort de causes naturelles ou même suicidées. Sa figure a intrigué le public et inspiré de différents domaines de la communication qui ont raconté son histoire. Nous allons voir lesquels.

The Bounty (1984) : Pitcairn, Mel Gibson et Vangelis

Une fois de plus, les yeux de Mel Gibson sont plus éloquents que mille répliques d’un film : à travers leur bleu, on plonge dans l’océan qui baigne l’île de Pitcairn, un océan fait de traîtres, de conspirations et de folie. La même folie aveugle qui s’empare de l’esprit du capitaine William Bligh, magistralement interprété par Anthony Hopkins. En effet, l’expédition de la frégate anglaise Bounty a subi un changement de cap et même si la mission de récupérer les plants de l’arbre à pain s’est terminée avec succès, l’équipage n’a plus aucune intention de rentrer en patrie. Fletcher Christian et d’autres officiers commencent à tisser des relations amoureuses avec des femmes tahitiennes et un fort mécontentement se développe.

C’est comme si le commandant Bligh, accablé par toute cette beauté, n’arrivait pas à reconnaître (et accepter) même ses instincts. Son rôle lui impose une conduite irréprochable, pourtant il n’arrive pas à garder une communication avec son équipage de façon conciliante. La mutinerie explose sous le pont du Bounty et Pitcairn semble le seul paradis possible à rejoindre. L’efficace de cette pellicule, soutenue par un casting de tout respect (les déjà cités Anthony Hopkins et Mel Gibson, Daniel Day-Lewis et encore, Laurence Olivier, Liam Neeson) voyage sur les mêmes fréquences de la bande sonore du film.

Vangelis – Main Titles (The Bounty 1984) – Source :
Kombašan Pracka YouTube

Nous parlons des inoubliables pièces musicales de l’artiste Vangelis, nom de scènes du compositeur grec Evangelos Odysseas Papathanassiou, tristement disparu à Paris le 17 mai dernier. Pas besoin de citer le CV de cet immense artiste : c’est juste qu’il reste un grand vide depuis son départ, que les sens limités de nous êtres humains essaient de combler en écoutent jusqu’à jamais sa production.        

Littérature et bandes dessinées : Pitcairn – L’île des révoltés du Bounty (Glénat BD Éditions)

Lire à l’égard des mutins du Bounty, tout en profitant des dessins magnifiques et d’une enquête menée par les auteurs sur cette histoire, est-il possible ? La réponse est « oui » et elle se trouve parmi les pages d’une nouveauté que Glénat BD a publié le mars dernier. Il s’agit du premier tome de Pitcairn – L’île des révoltés du Bounty réalisé par Mark Eacersall et Sébastien Laurier (scénaristes), en collaboration avec le dessinateur Gyula Németh (dessins et couleurs). Nous vous proposons le trailer de cette trilogie en trois volumes qui raconte les évènements de ce passé daté du XVIIIe siècle.

Pitcairn – L’île des révoltés du Bounty (Glénat BD Éditions) – Source : Glénat YouTube Officiel

Comme le site en ligne de Glénat BD récite, les auteurs ont conçu cet ouvrage avec le but donner aux lecteurs un produit qui compare la tradition hollywoodienne et la réalité. Cet album est à moitié entre le roman d’aventures, le thriller tropical et le récit des origines. De la même filière concernant le genre d’aventure en haute mer nous citons la série de bandes dessinées au titre USS Constitution (Éditions Glénat), réalisée magistralement par l’auteur Franck Bonnet, et dont le troisième tome est sorti le 20 avril dernier. Une histoire intrigante et des dessins esquissés de façon impeccable caractérisent le succès de ces deux trilogies dont nous vous conseillons la lecture. 

Les abus sexuels sur l’île des mutins du Bounty : les descendants et leurs scandales

Sur l’île des révoltés, encore aujourd’hui, tous les gens au nom de famille Christian, descendent par le second qui fut le partisan de la révolte du Bounty. Toutefois, c’est triste de penser que l’héritage de Fletcher Christian est lié aux abus sexuels perpétrés à l’encontre de mineurs par les habitants mâles de l’île. Répréhensible, mais c’est comme ça. La nouvelle a fait le tour du monde et les gros titres des journaux : sur l’endroit si agréable colonisé par les mutins du Bounty, se sont joués beaucoup d’actes de violence sexuelle. Les victimes étaient toutes des jeunes filles et des femmes entre 5 et 13 ans

Il est indéniable que l’histoire a choqué tout le monde et a fait pointer du doigt l’opinion publique : comment était-il possible que sur une population de 50 âmes, les femmes (15 au total) eussent été tout victimes d’abus sexuels ? Pourtant, la chose la plus inconcevable c’était que, même s’il y avait eu des procès, les hommes accusés de viols et de pédopornographie (dont le même maire de l’île, Michael Warren) n’ont pas purgé leur peine dans une prison, mais dans des maisons adaptées, afin de ne pas perturber l’équilibre économique de Pitcairn. En outre, les témoignages des femmes violées seront « remodulés » par la police : lors des épisodes sexuels les jeunes filles étaient consentantes…

Comment rejoindre l’île de Pitcairn : conseils de voyage

Malgré son histoire parfois dure à accepter, Pitcairn et ses mystères ne cessent pas d’attirer beaucoup de gens parmi touristes, historiens, journalistes ou simples curieux. Mais comment rejoindre cet endroit à la beauté époustouflante ? Tout d’abord, dans cette localité il n’y a pas d’aéroport, donc c’est plus utile de partir par la mer depuis Mangareva, la plus grande île de l’archipel des îles Gambier dans la Polynésie Française. Ensuite, il vous faudra monter sur un bateau et voyager pendant 32 heures. Une fois que vous serez arrivés près de l’île, un bateau plus petit vous amènera à terre. Afin de visiter ce paradis plongé dans l’océan Pacifique c’est indispensable un permis qui peut varier de 4 à 11 jours.

Pitcairn Island Drone – Source : brad brown YouTube

On vous laisse avec des extraits du poème de Samuel Taylor Coleridge au titre The Rime of the Ancient Mariner (1798), que l’on dit soit inspiré par l’histoire mystérieuse des mutins du Bounty. Le scénario de cet ouvrage raconte d’un marin coupable d’avoir tué un albatros, oiseau de bon augure. A la suite de cet acte violent et sans signification, une malédiction s’abat sur tout l’équipage qui subira la peine de la vie-dans-la-mort (encore pire que la mort elle-même). Tout seul et abandonné, le vieux marin qui avait tué l’albatros, distingue la figure des serpents marins. Mais il n’en est pas terrifié, au contraire. C’est comme si la présence de ces monstres (même s’il s’agit de créatures infernales) peut « guérir » la solitude infinie du marin.     

(EN)                                                                                                   (FR)   

« O happy living things! no tongue               « Ô êtres vivants heureux ! pas de langue

Their beauty might declare:                          Leur beauté pourrait déclarer :

A spring of love gushed from my heart,        Une source d’amour a jailli de mon cœur,

And I blessed them unaware:                        Et je les ai bénis sans le savoir :

Sure my kind saint took pity on me,              Bien sûr, mon gentil saint a eu pitié de moi,

And I blessed them unaware.  »                    Et je les ai bénis sans le savoir. »

The Rime of the Ancient Mariner (1798) – Samuel Taylor Coleridge

À bientôt pour une version audio de l’article. Merci d’avance de ta lecture !

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